«C’est maintenant qu’il faut reprendre vie»: it's the beginning of Cercle, which is like a loop, it seems to me, a process of assimilation between life and writing that began in 2001, with Introduction à la mort française, continued in 2003 with Évoluer parmi les avalanches, a text where «les phrases parlent en nous, à leur gré elles nous mènent» (p.17), and continued in 2005 at the conclusion of his short essay, appeared in Écrire pourquoi? – «Inventez-vous un corps de phrases. Que votre sang se change en encre […] entrez dans la vie poétique, faites-vous un corps de phrases, c’est le seul royaume» (pp. 81 and 83). This is how the "adventure" of writing, in these texts just sketched out, expands until it is accomplished in Cercle and, more recently, in 2011, in Le sense du calme and, in 2013, in Les Renards pâles. I would speak of a "scriptural evolution" that reveals an extraordinary creative freedom in Haenel, a true freedom, that of an imaginary – and, therefore, of literature – that allows to reach and understand by writing this reality which is ours. Speech as a saving experience, writing as a "resurrection protocol", the "inner dimension of language" which alone gives access to a new life, "absolute existence", emptiness or "interval" as "Chance" and refusal of all conditioning, "ecstasy" as a revelation of the real and the "ecstatic dimension of existence", the descent through writing to the heart of the real to better grasp it, "rewrite as new" ( «Ligne de risque», 11 jan.-feb. 1999, p. 14) a world of overflowing phrases and words, these are the ingredients of a literary and human experience unique in current literature – «Au cœur du ravage, là est le point vif» (Prélude à la délivrance, p. 13). The subject of this prose itself being written, this communication questions the possibility for this writing to be the place of an authentic time where «il ne s’agit pas de raconter sa vie» (EPA, p. 99), but of a «dimension poétique du libre» (Écrire…, p. 78), segment of existence in the present that says all the difficulty but also the uniqueness of being in the world, seized from the elusive, tale of the irracontable, where "to live" would coincide with "to write", and the life with the "adventure" (cf. 1st chapter of Cercle) of a writing. Is not this writing the literary journey of a writer more than the initiatory journey of a man in search of another way of living to return from hell through «la parole [qui] ouvre en chacun de nous une espérance» (RP, p. 172). How to put into words this lived experience of time?

Vivre en écrivant : Yannick Haenel et la « phrase qui sauve »

Gramigna, Valeria
In corso di stampa

Abstract

«C’est maintenant qu’il faut reprendre vie»: it's the beginning of Cercle, which is like a loop, it seems to me, a process of assimilation between life and writing that began in 2001, with Introduction à la mort française, continued in 2003 with Évoluer parmi les avalanches, a text where «les phrases parlent en nous, à leur gré elles nous mènent» (p.17), and continued in 2005 at the conclusion of his short essay, appeared in Écrire pourquoi? – «Inventez-vous un corps de phrases. Que votre sang se change en encre […] entrez dans la vie poétique, faites-vous un corps de phrases, c’est le seul royaume» (pp. 81 and 83). This is how the "adventure" of writing, in these texts just sketched out, expands until it is accomplished in Cercle and, more recently, in 2011, in Le sense du calme and, in 2013, in Les Renards pâles. I would speak of a "scriptural evolution" that reveals an extraordinary creative freedom in Haenel, a true freedom, that of an imaginary – and, therefore, of literature – that allows to reach and understand by writing this reality which is ours. Speech as a saving experience, writing as a "resurrection protocol", the "inner dimension of language" which alone gives access to a new life, "absolute existence", emptiness or "interval" as "Chance" and refusal of all conditioning, "ecstasy" as a revelation of the real and the "ecstatic dimension of existence", the descent through writing to the heart of the real to better grasp it, "rewrite as new" ( «Ligne de risque», 11 jan.-feb. 1999, p. 14) a world of overflowing phrases and words, these are the ingredients of a literary and human experience unique in current literature – «Au cœur du ravage, là est le point vif» (Prélude à la délivrance, p. 13). The subject of this prose itself being written, this communication questions the possibility for this writing to be the place of an authentic time where «il ne s’agit pas de raconter sa vie» (EPA, p. 99), but of a «dimension poétique du libre» (Écrire…, p. 78), segment of existence in the present that says all the difficulty but also the uniqueness of being in the world, seized from the elusive, tale of the irracontable, where "to live" would coincide with "to write", and the life with the "adventure" (cf. 1st chapter of Cercle) of a writing. Is not this writing the literary journey of a writer more than the initiatory journey of a man in search of another way of living to return from hell through «la parole [qui] ouvre en chacun de nous une espérance» (RP, p. 172). How to put into words this lived experience of time?
In corso di stampa
« C’est maintenant qu’il faut reprendre vie » : c’est le début de Cercle, qui reprend et ferme comme une boucle, me semble-t-il, un processus d’assimilation entre vie et écriture qui avait commencé en 2001, avec Introduction à la mort française, continué en 2003 avec Évoluer parmi les avalanches, un texte où « les phrases parlent en nous, à leur gré elles nous mènent » (p. 17), et poursuivi en 2005 lors de la conclusion de son bref essai, paru dans Écrire pourquoi ? – « Inventez-vous un corps de phrases. Que votre sang se change en encre […] entrez dans la vie poétique, faites-vous un corps de phrases, c’est le seul royaume » (p. 81 et 83). C’est ainsi que l’ "aventure" de l’écriture, dans ces textes-là à peine esquissée, s’élargit jusqu’à s’accomplir dans Cercle et, plus récemment, en 2011, dans Le sens du calme et, en 2013, dans Les Renards pâles. Je parlerais d’une "évolution scripturale" qui est révélatrice d’une extraordinaire liberté créatrice chez Haenel, une véritable liberté, celle d’un imaginaire – et, donc, de la littérature – qui permet d’atteindre et comprendre par l’écriture ce réel qui est le nôtre. La parole comme expérience salvatrice, l’écriture comme « protocole de résurrection », la « dimension intérieure du langage » qui seul permet d’accéder à une vie nouvelle, l’« existence absolue », le vide ou l’ « intervalle » comme « chance » et refus de tout conditionnement, l’« extase » comme révélation du réel et la « dimension extatique de l’existence », la descente par l’écriture au cœur du réel pour mieux le saisir, « récrire à neuf » (« Ligne de risque », 11, janv.-févr. 1999, p. 14) un monde par le débordement de phrases et de mots, ce sont les ingrédients d’une expérience littéraire et humaine unique dans la littérature actuelle – « Au cœur du ravage, là est le point vif » (Prélude à la délivrance, p. 13). Le sujet de cette prose étant elle-même en train de s’écrire, cette communication s’interroge sur la possibilité pour cette écriture de se révéler le lieu d’un temps authentique où « il ne s’agit pas de raconter sa vie » (EPA, p. 99), mais d’une « dimension poétique du libre » (Écrire…, p. 78), segment d’existence au présent qui dit toute la difficulté mais aussi l’unicité d’être au monde, saisie de l’insaisissable, conte de l’irracontable, où "vivre" coïnciderait avec "écrire", et la vie avec l’« aventure » (cf. 1er chapitre de Cercle) d’une écriture. Cette écriture ne serait-elle moins le parcours littéraire d’un écrivain que le voyage initiatique d’un homme à la recherche d’une autre manière de vivre pour remonter des enfers à travers « la parole [qui] ouvre en chacun de nous une espérance » (RP, p. 172) ? Comment mettre en mots cette expérience vécue du temps ?
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Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/11586/229994
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